31
L’heure des choix

— Agnès, s’il te plaît, regarde-moi…

Comme une supplique, je répétais cette demande depuis deux jours déjà. Dans son lit, la fillette refusait toujours de tourner la tête vers moi, fixant le mur avec obstination. Elle me boudait et je la comprenais ; je lui avais expliqué que je devrais bientôt partir. Comme la nature qui renaissait très lentement en cette fin de mars, la petite allait un peu mieux depuis quelques jours. J’en avais donc profité pour lui parler. Je ne voulais pas la quitter sans rien dire, j’avais trop peur qu’elle se laisse ensuite dépérir. Mal m’en prit.

— Je n’ai pas le choix, plaidai-je d’une voix douce pour la millième fois au moins. Je…

Ma tête s’emplit subitement d’un vacarme assourdissant et mes bras se couvrirent de chair de poule. D’instinct, je portai les mains à mes oreilles et sortis précipitamment à l’extérieur. Les yeux fermés, j’attendis alors que les résonnances s’estompent, mais elles furent remplacées par des hurlements de douleur et des cris de rage émis par une voix que j’aurais reconnue entre mille, celle d’Alix.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? murmurai-je quand la tempête se calma enfin.

Une peur viscérale me submergea. J’étais certaine que mon Cyldias venait de mourir. À mes yeux, il n’y avait que ça qui puisse justifier cette soudaine activité dans mon crâne. Mes yeux se remplirent de larmes et je m’effondrai sur le sol encore enneigé. Si Alix était mort, il ne restait plus personne pour venir à ma rescousse, personne d’assez fou pour accepter de veiller sur moi si je revenais un jour de l’autre côté – lui-même ne le faisait que par obligation. J’allais devoir me débrouiller seule et cette pensée m’emplit d’horreur. Je réalisai alors pleinement à quel point j’avais toujours été convaincue, au cours des longs mois passés ici, que le jour viendrait où Alix apparaîtrait, tout simplement, pour me sortir de mon bourbier.

Marie accourut et m’aida à me relever. Croyant que les contractions, prélude à l’accouchement, avaient fait leur apparition plus tôt que prévu, elle ne me demanda même pas ce qui se passait. Je lui en fus reconnaissante au centuple. Je ne la détrompai surtout pas et rentrai m’allonger. Je ne trouvai malheureusement pas le repos, des images horribles défilant dans ma tête en continu, me montrant des dizaines de façons de mourir dans la douleur, comme une plainte lancinante. Je pleurai longtemps de désespoir, incapable de retenir le flot de mes larmes, témoin silencieux de mon mal de vivre.

 

* *

*

 

Sur le rivage du Saint-Laurent, s’abritant tant bien que mal du vent glacial qui soufflait du large en rafales, Alix tentait de se réchauffer et de guérir les blessures qu’il s’était infligées en se retrouvant coincé parmi les plaques de glace, à son arrivée sur Brume. Mais ses pouvoirs refusaient de fonctionner correctement. Il avait beau savoir que cela risquait de se produire, il n’en éprouvait pas moins une rage incontrôlable. Comment réussirait-il à ramener Naïla dans un délai raisonnable, s’il ne pouvait pas user de ses pleins pouvoirs ? Autant rebrousser chemin tout de suite, au lieu de courir vers l’échec.

Fulminant, il refit une tentative, mais le feu magique refusait obstinément de s’allumer. Alix se passa une main dans les cheveux en vociférant. Il essaya ensuite de se créer un cocon de chaleur, technique qu’il utilisait souvent pour se réchauffer sans avoir recours au feu. Mais cela ne fonctionna pas davantage. Il n’allait tout de même pas mourir bêtement sur cette étendue gelée ! Pas après avoir survécu à cette traversée démentielle. Quelle ironie !

Un bref survol de sa situation lui fit pourtant craindre le pire. Ses vêtements mouillés lui collaient à la peau, sa couverture était détrempée et du sang s’échappait en larges filets des coupures qu’il avait sur le corps. Ses doigts gourds menaçaient de ne bientôt plus obéir, à l’image de la rigidité qui s’installait lentement dans ses membres inférieurs. Il eut beau réfléchir sans relâche, son calvaire lui paraissait sans issue. Une heure plus tard, il sombra dans un profond sommeil, qui s’apparentait davantage à un coma. Sa dernière pensée consciente fut pour la Fille de Lune qu’il était venu chercher.

Il doutait qu’elle puisse jamais revenir sans son aide.

 

* *

*

 

Une nouvelle vague de douleur m’envahit tandis que je contemplais bêtement le toit de poutres au-dessus de ma tête. J’eus l’impression que des dizaines de lames de couteau pénétraient lentement dans ma peau et que mes membres perdaient à jamais toute mobilité. Je ne pus retenir un cri tandis que le mal prenait de plus en plus de place. Marie accourut à mon chevet une fois de plus, croyant toujours au début du travail d’accouchement. Là encore, je ne la détrompai pas. Je n’avais pas d’autre justification. Moi-même, je cherchais à comprendre ce qui se passait…

 

* *

*

 

Dans sa grotte, Solianne avait ressenti la traversée de son fils vers Brume, puis la douleur et la désillusion qui l’avaient suivie. Elle n’avait pas tardé à mettre en branle les actions nécessaires pour ne pas voir mourir prématurément celui qui était destiné à rétablir l’équilibre sur la Terre des Anciens. Gontran ne s’opposa pas à ce que sa maîtresse lui prélève encore une fois une bonne quantité de sang. Il semblait comprendre que c’était une question de vie ou de mort. La mère d’Alix s’enferma ensuite dans une cellule temporelle – pour sa part, elle savait pertinemment à qui nuisait son utilisation inconsidérée du temps et elle s’en fichait éperdument, en éprouvant même un certain plaisir. Pendant trois jours, elle travailla sans relâche à concevoir la formule qui permettrait à son fils d’avoir le plein contrôle de sa magie, même lorsqu’il était ailleurs que sur-la Terre des Anciens, privilège habituellement réservé aux Sages et aux Filles de Lune. S’il était venu sur Bronan avant d’aller sur Brume ou si sa transformation avait pu s’effectuer en entier avant son voyage, il n’aurait pas ce problème aujourd’hui…

* *

*

Kaïn n’avait, lui aussi, rien manqué de la traversée et de la détresse d’Alix. Mais contrairement à Solianne, il tergiversait encore. Même s’il savait que sa fille ne pourrait jamais se débrouiller sans son Cyldias dans le monde élargi de Darius, il n’arrivait pas à se faire une opinion claire sur le jeune homme, ce qui le dérangeait au plus haut point. Il avait souvent l’impression d’être en compétition avec Alix et il comprenait mal pourquoi il se sentait ainsi. Il est vrai que le passé de cet Être d’Exception était trouble et beaucoup trop de questions restaient en suspens pour que l’on puisse lui faire confiance d’emblée.

Comme chaque fois que la question d’Alix se posait, ce fut l’image de Naïla qui s’imposa finalement à l’esprit du Sage, faisant pencher la balance en faveur du Cyldias. Pour la survie de la jeune femme, Kaïn entreprit de redonner les forces nécessaires au jeune homme afin qu’il puisse mener à bien sa mission sur les terres de Brume.

 

* *

*

 

Solianne et Kaïn ignoraient qu’ils s’apprêtaient à venir en aide à Alix en même temps. Les effets combinés de leurs efforts eurent un résultat inattendu qui approfondit le coma d’Alix de façon quasi irréversible. Les formules que le Sage et l’Édnée employèrent en même temps étaient incompatibles et le corps déjà en transformation du Cyldias rejeta d’abord en bloc l’apport magique qui franchit la frontière du temps et de l’espace. Toutefois, les pouvoirs en cause étaient si puissants qu’ils s’imposèrent et furent finalement absorbés par un corps affaibli et trop mal en point pour les assimiler correctement. Une chrysalide se forma instantanément autour d’Alix et se fondit dans le paysage, empêchant quiconque de le voir et préservant le corps et l’esprit intact – à l’image des trois Sages qu’Ulphydius avait autrefois enfermés dans des cages de verre – dans l’attente de la délivrance. Il n’y avait qu’une seule bonne nouvelle dans cet événement contraire à toutes les espérances : la présence simultanée d’une Fille de Lune et de son Cyldias dans un monde autre que celui des Anciens.

Parce qu’ils percevaient toujours la détresse du jeune homme, Solianne et Kaïn crurent avoir échoué dans leur tentative. Si le deuxième ne réitéra pas son essai, convaincu qu’il ne fonctionnerait pas davantage, la première fit une nouvelle tentative, conservant l’espoir de sauver son fils. Elle ne fut pas déçue en recevant la confirmation que sa magie avait bel et bien trouvé preneur sur les terres de Brume. Elle ne pouvait cependant pas deviner que ce n’était pas Alix qui avait reçu l’immense charge de pouvoirs, mais Naïla, qui faillit en mourir…

 

* *

*

 

Quelques minutes à peine après que j’eus ressenti la deuxième vague de douleur, une troisième me heurta avec une telle force que je me recroquevillai en hurlant. C’était comme si j’avais reçu une immense décharge électrique en pleine poitrine. Je sentis alors une intense chaleur se répandre en moi, comme si le feu me dévorait. Mon ventre se contracta et les fœtus se mirent à bouger avec encore plus de vigueur. Mais qu’est-ce qui m’arrivait ?

Dans les heures qui suivirent, la fièvre s’empara de moi et mes Âmes régénératrices, que je sentais à l’œuvre pour la première fois depuis mon arrivée sur Brume, ne purent en venir à bout. Marie n’eut de cesse de me couvrir le front de compresses froides, voire glaciales, mais la fièvre ne céda pas d’un iota. Je sombrai alors dans le délire. Je sus par la suite que j’appelais Alix et ma mère à ma rescousse, des noms inconnus pour ceux qui m’hébergeaient. Des images s’imposaient à mon esprit avec force. L’homme qu’Alix avait appelé Kaïn hantait maintenant mon âme de façon continue, comme s’il ne voulait plus jamais que je l’oublie. Une étrange hybride fit également son apparition. J’eus l’impression qu’elle était un curieux mélange entre un dragon et une humaine ; ses membres couverts d’écailles se terminaient par des griffes et de grandes ailes étaient repliées dans son dos. Elle avait de longs cheveux noirs et des yeux en tous points semblables à ceux d’Alix si ce n’est les nuances de couleurs. Elle était toujours accompagnée d’un immense dragon, couché à ses pieds.

 

* *

*

 

Lorsque Alix reprit conscience, il comprit rapidement qu’il était prisonnier d’une masse identique à celles qui renfermaient encore, des siècles après leur création, deux des trois Sages de l’époque de Darius. Comment était-ce possible ? Le jeune homme avait envie de crier sa colère, de frapper, de hurler à n’en plus finir, de maudire tous les dieux de ce monde ou d’un autre, mais il ne put rien faire. Rien d’autre que réfléchir. Il ne pouvait même pas ouvrir les yeux puisque ceux-ci étaient fermés au moment où ce sortilège archaïque l’avait frappé. Il ne pouvait donc rien voir de son environnement, ne pourrait probablement plus ressentir aucune présence, ni communiquer par télépathie avec qui que ce soit. Bien à l’abri du passage du temps ainsi que des aléas de la nature et de la vie, il ne lui restait plus qu’à attendre une délivrance qui, sur les terres de Brume, pourrait bien ne jamais venir…

 

* *

*

 

Trois jours de fièvre intense faillirent avoir raison de ma petite personne. Dans de brefs éclairs de lucidité, il m’arriva d’espérer accoucher d’enfants mort-nés, à cause de la fièvre justement. Voilà qui aurait été une belle vengeance sur le sir de Canac et sa maudite sorcière que de ne pas enfanter ces monstres qu’ils attendaient avec tellement d’impatience. Je n’eus pas cette chance, mais je m’en tirais somme toute assez bien compte tenu des circonstances.

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque je me réveillai en sursaut, le corps couvert de sueur. Cette fois-ci, ce n’était pas dû à la fièvre. Ayant conservé mon pendentif, les cauchemars étaient revenus me hanter en force. Celui que je venais de faire était encore plus réaliste que tout ce que j’avais expérimenté jusqu’à maintenant et ce n’était rien pour me rassurer.

J’y avais vu Alana me parler doucement de la fin apocalyptique de la Terre des Anciens si je ne parvenais pas à sortir de Brume en compagnie de mon Cyldias. J’avais alors objecté que j’étais seule sur cette terre, loin de tous ceux que j’avais connus lors de mon passage dans l’autre monde.

— Alix est beaucoup plus près de toi que tu ne le penses, Fille de Lune maudite, et il a terriblement besoin de toi, avait murmuré Alana, les yeux tristes.

Tandis que je me demandais encore s’il y avait la moindre part de vérité dans ce songe, je fis une découverte stupéfiante : je voyais autour de moi comme en plein jour malgré l’absence d’éclairage. Certains de mes pouvoirs m’étaient donc revenus ! Était-ce la fièvre ? Ou ce qui l’avait causée ? Ça n’avait aucune importance… Je souhaitais seulement que toute la puissance dont je me savais porteuse revienne pour que j’aie enfin la possibilité de fuir ce monde.

* *

*

Levée et habillée à l’aube, je sortis sans faire le moindre bruit, pour me rendre sur la grève. Devant l’immensité glacée, je paniquai en pensant que mon Cyldias était peut-être quelque part sur cette terre et que rien ni personne ne pouvait lui venir en aide à part moi. Surtout s’il avait traversé par le même passage que moi. Il n’y avait pas la plus petite trace de civilisation dans ce coin et il risquait de mourir bien avant que je ne puisse le retrouver. Voilà pourquoi je devais faire mes essais le plus tôt possible. Il me fallait savoir si je pouvais maintenant me déplacer magiquement.

Me sachant seule, je tentai de rejoindre l’étable de mes hôtes par la force de ma pensée. À mon grand soulagement, je réussis du premier coup, même si mon atterrissage se fit sans grâce aucune sur le sol gelé. Je me relevai en hâte, craignant bêtement qu’un témoin importun ne se pointe le bout du nez. Je pouvais donc enfin quitter cette terre et retourner dans un monde que, étonnamment, je jugeais aujourd’hui plus hospitalier que celui-ci.

 

* *

*

 

Pendant deux longues journées, je m’ingéniai à me constituer un bagage sans attirer l’attention. Je me permis de prendre certains vêtements que j’avais moi-même cousus ou tricotés pendant l’hiver ; je chapardai des vivres dans le garde-manger extérieur, en plus de faire provision de quelques plantes et onguents médicinaux que j’avais aussi aidé à préparer. Je ne pouvais vraiment pas me fier sur mes seuls talents magiques pour me tirer d’éventuels pétrins. Je mis un soin quasi maniaque à ne rien laisser paraître de mon départ imminent.

Le soir suivant, après m’être assurée que tous dormaient, je me levai, fis mes adieux silencieux à Agnès – qui me boudait toujours – puis quittai la maison, les larmes aux yeux. Je récupérai vivement ce que j’avais soigneusement dissimulé dans l’étable. Je m’apprêtais à disparaître quand une petite voix derrière moi murmura :

— Tu ne reviendras jamais, hein ?

Je sursautai, échappant les couvertures que j’avais dans les bras. Agnès était là, en chemise de nuit et vêtue d’un manteau trop grand. Sous les rayons de lune, elle serrait ses petits bras maigres sur sa poitrine, me regardant avec une infinie tristesse. Le cœur en miettes, je m’accroupis à sa hauteur. Des trémolos dans la voix, je confirmai que je ne reviendrais pas, mais que je ne l’oublierais jamais. Je ne pouvais rien dire de plus. Elle se jeta dans mes bras. Alors que je l’étreignais à lui rompre les os, une douce lumière bleutée nous enveloppa toutes les deux. Si Agnès n’en remarqua rien, il n’en fut pas de même pour moi. Pour la première fois, je ressentis un immense bien-être face à mon statut de Fille de Lune et de magicienne car, si je savais pas réussi à sauver ma fille autrefois, j’étais aujourd’hui convaincue de la guérison prochaine d’Agnès…

Quelques minutes plus tard, je disparus simplement dans la nuit, sous le regard ébahi d’une fillette qui se portait déjà beaucoup mieux. Où allais-je exactement et que trouverais-je ? Je n’en avais pas la moindre idée. Je me fiais à mon instinct, me disant que si Alix pouvait me repérer n’importe où sans l’aide de personne, je pouvais bien en faire autant.

Accompagnée de la lune, comme toujours dans pareille situation, je reparus bientôt sur les rives du Saint-Laurent, à l’endroit exact où je m’étais écroulée en larmes, en septembre dernier. Sans même un regard autour de moi, je m’enroulai dans deux couvertures de laine, confiant ma vie à mes puissantes Âmes régénératrices et sombrai dans le sommeil malgré le froid mordant. Même avec des yeux de chat, je savais qu’il était préférable d’attendre le lever du soleil avant de tenter quoi que ce soit pour retrouver Alix – s’il était réellement ici bien entendu…

 

Le talisman de Maxandre
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